Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

patrice follenfant - Page 25

  • rêves de boucher

    C’est étrange, la nuit est presque là et les enfants continuent de jouer, on n'entend plus les bruits comme dans un film muet et les boules des réverbères s'allument d'un rose que l'on voudrait fragile

    deux hommes déjà saouls avancent à petits pas en se tenant par le coude comme de très vieux amoureux

    il fait froid, le froid des Noëls qu'on imagine

    mais la foule en manteaux se soucie peu du calendrier, les cascades de lampions blessent les yeux

    on cherche vainement cette merveille oubliée. C'était il y a si longtemps.

    Vous cherchez un logement, une femme, un travail Appelez-nous. Gagnez du temps Où trouver de l'argent  Saisissez votre chance Soyez le futur

    Société de gardiennage recrute vigile Restez jeunes N'hésitez plus La meilleure école La meilleure entreprise Ne buvez plus du jour au lendemain C'est facile Le pays où la lumière est bleue Rends-moi fort.

    Les rues avaient des rêves de boucher.

     

     

     

     

     

     

    ©  Lacalavera

     

  • la mutation

     

     

     

    c’était tout simple effrayant je me réveillai dans un monde saisi et j’hésitai sur la conduite à tenir. Un rythme le parcourait de haut en bas on sentait le tempo la séquence des machines et les gens étaient pris. Le centre commercial vibrait, vibrionnait, un essaim. Devant mo un troupement, ils avaient gagné je ne sais quoi ils parlaient tous à la fois en agitant les bras et riaient autour l’animateur tenait un micro. D’autres venaient à ma rencontre, un mur de chariots poussés ils m’évitaient, les adultes la tête en boîtes, en paquets en sachets et les enfants Oh mon dieu les enfants, ils étaient en voie de transformation, une mutation déjà, tirés vers le bas jusqu’au bord des lèvres.

     

     

     

     

     

     

     

    © lacalavera

     

  • bénédiction

     

     

    La vierge bleue domine les usines de
    la ville vous n’en saurez rien cela reste mon secret
    sa tête est légèrement penchée
    on dirait qu’elle dort mais
    ses yeux sont grands ouverts
    et les ouvriers sont bénis
    et le chômage est béni
    et les patrons sont bénis
    bénis aussi sont les actionnaires
    les traders et aussi les camions
    la ronde des camions
    le sang du grand Marché
    et bénis sont les produits
    et bénis par anticipation tous les consommateurs
    et les caddys remplis et toutes les cartes de réduction
    le moral des entreprises la santé des ménages
    la couleur des indicateurs toutes ces fleurs

     

     

     

     

    © lacalavera "La douleur des oiseaux"